Thibault Laget-Ro
œuvre
Œuvres récentes
L’enfant, 2017
130x 162 cm
Acrylique sur toile
Le jour le plus long, 2008
100 x 100 cm
Acrylique sur toile
L’illusion de son destin, 2015
73 x 92 cm
Acrylique sur toile
A l’horizon, pas grand-chose, 2018
Acrylique sur toile
Ht. 92 x 65 cm
TEXTE
À propos
1976, Tokyo. Vit et travaille en France
La surface des choses
Par ses coloris pastel et son traitement en aplats, la peinture de Thibault Laget-Ro semble parfaite, au premier coup d’œil, pour traduire l’insouciance et communiquer le merveilleux bonheur de notre société de consommation. Cet aspect lisse masque — pour le révéler autrement — un versant plus âpre de la réalité.
Sur le sable d’une plage ensoleillée, les vacanciers se prélassent ou s’ébattent. Le soleil, au bord des parasols multicolores, frit doucement les peaux graissées d’huile parfumée. Tout respire la joie de vivre. Quand débarquent soudain au milieu de cette image convenue du bonheur, arrivés de l’autre côté de l’horizon, des hommes, des femmes et des enfants harassés qui ont fui la guerre ou la misère sur des embarcations de fortune. De même, sous l’eau, un enfant qui paraissait folâtrer dans les vagues se révèle être un jeune migrant en train de se noyer, tombé sans doute de l’un de ces nouveaux radeaux de la Méduse qui s’aventurent dans la traversée du Mare Nostrum.
La mer n’a manifestement pas la même signification pour tous, selon le lieu où l’on est né. Voilà ce que semblent dire, à mots voilés, les toiles versicolores de Thibault Laget-Ro. Car la suavité des tons qu’il utilise, leur trompeuse gaieté, contrastent avec le sujet des scènes inspirées de grands reporters photographiques. Le traitement en aplats, qui bannit toute aspérité, vient accentuer encore ce décalage entre forme et fond, style et motif. On ne sait qui ment, du sujet ou de la couleur, et ce paradoxe fait jouer une note d’ironie.
La palette et la manière de Thibault Laget-Ro ne sont pas sans éveiller des échos du pop art et de la figuration narrative. Mais son choix procède avant tout d’une réflexion sur la couleur et d’une intention quant à la manière, graphique, synthétique, de rendre les figures, à l’écart du réalisme comme du symbolique. « Dans la figuration, argue le peintre, on a tendance à faire concorder une couleur et un sentiment pour valider une intention, à augmenter même les contrastes pour influencer le regard, comme on le fait dans le marketing. Pour ma part, j’utilise des couleurs qui ne correspondent pas à l’attendu du sujet. »
Dans le même esprit, les portraits que présente Thibault Laget-Ro — des portraits de migrants — apparaissent quasiment sans visage. Ou tout du moins sans personnalité, sans identité véritables, l’expression étant réduite à quelques traits soulignés d’ombre, quelques taches de couleur, et à la posture de la silhouette générale. Comme grimé, ou masqué, le visage n’est ici qu’une idée de visage. « Je ne suis pas un peintre engagé, je suis dans le constat, je ne suis que le témoin de mon époque », dit Thibault Laget-Ro. Ce parti pris de neutralité n’est évidemment qu’un leurre, un masque. L’absence de traits, ou presque, sur les visages des personnages dissimule un chaos innommable : elle camoufle les tourments d’un monde intérieur autant qu’elle éclipse la violence du dehors. La surface voile la profondeur. Et le reflet, qui aplatit la représentation, en atténue l’effet.
Jean-Pierre Chambon
in Périphériques n°87, janvier 2019
CV
CURRICULUM VITAE

Expositions personnelles, sélection depuis 2008
2021
Fondation Montresso, Le rêve américain, Marrakech
2019
Centre d’art Espace VALLES, Les rivages brûlants, Saint Martin d’Heres
DE VISU, Oh! Les belles couleurs ! DRAC Normandie
2018
Galerie 29, Les échappés, Evian
Galerie Jérome B, Le monde des enchantés, Bordeaux
2017
PANORAMA, de l’Exil à L’exode, DRAC Normandie
2016
Galerie Couteron, Exode, Paris
2014
Musée d’art et d’histoire de Draguignan, Normalement, la vie continue…, Draguignan. Commissariat : Fabrice d’Agosto bacquart
2013
Orangerie du SÉNAT, Point critique, Paris
2012
Chapelle des Capucins, Espace culturel de la ville d’Aigues Mortes, Liberté ! Libertà ! Libertad !
2011
SwissLife Banque Privée Mécénat, Place Vendôme, WALLPAPER, Paris
2009
Galerie LE FEUVRE, Quand les corps s’électrisent, Paris
2008
Galerie des Beaux-arts de Paris (C.R.O.U.S), Les nages ne crient pas, Paris
Expositions collectives, sélection depuis 2016
2020
Un voyage parisien, Galerie Nathalie Béreau, Espace des Coutures St Gervais, Paris
2019
Poudres et traits, Galerie Nathalie Béreau, 17 rue des Grands Augustins, Paris, La Semaine des Galeries Parisiennes de l’Estampe et du Dessin
2018
Centre d’art Espace Chailloux, Fresnes
2017
Galerie Passage de l’art, DRAC PACA
2016
34° symposium du Musée d’Art Contemporain de Baie de Saint Paul, Curateur : Marie Perrault, Canada
Autres
Collections
Musée d’art contemporain Baie Saint Paul, Canada
Fondation COLAS
Collection privée François PINAULT
Fondation MONTRESSO
Artothèque de Saint-Cloud
Artothèque de Lille, LASECU
Artothèque de Draguignan
Artothèque de la Ferrière aux Etangs
Prix / Bourses / Résidences
Résidence Santa Fe, Nouveau Mexique
Résidence au Musée d’art contemporain Baie Saint Paul, Canada
Résidence Fondation MONTRESSO, Marrakech, Maroc
Lauréat de la fondation COLAS
Prix HOUDART pour l’art contemporain
Formation / Education
Master 2 Recherche, arts plastiques, Arts et création internationale, Panthéon Sorbonne, Paris I, Mention très bien
IHEAP – Paris, Institut des Hautes Etudes en Arts Plastiques
Beaux-Arts de Paris, cours pour adulte, Atelier Jean Marc Thommen et Atelier Hubert de Chalvron
DESS Sciences du Management – Panthéon Sorbonne, Paris I