Un vent nouveau de Coco Téxèdre

18 juin – 10 octobre 2021

Chai Pierre et Bertrand Couly Chinon | FRANCE

Ribambelles et Pollens

Installation, peinture

Pour fêter les dix ans de l’inauguration du Chai Pierre et Bertrand Couly, la galerie Nathalie Béreau qui s’occupe de la programmation des expositions a souhaité partager une nouvelle fois le travail pictural de l’artiste Coco Téxèdre, avec l’exposition « Un vent nouveau ».

Les œuvres présentées à l’exposition sont en vente sur place ainsi que dans l’e-galerie dès le 18 juin.

 

Exposition

Visite virtuelle

Exposition

Présentation

L’exposition présente deux facettes complémentaires de l’artiste à 15 ans d’intervalle : l’installation « Ribambelles » de 2004 et ses nouvelles peintures « Pollens » commencées en 2019. Les deux parties de l’exposition seront réparties dans deux structures du chai qui seront accessibles au public (entrée libre selon les mesures sanitaires en cours) à savoir : la salle de dégustation et la salle des cuves.

L’exposition actuelle est complétée par la présentation des dix ans d’affiches des expositions réalisées depuis avril 2011. Elles seront exposées en permanence dans les escaliers qui mènent aux cuves.

Lorsque Coco Téxèdre crée « Ribambelles » en 2004 (exposée à la Galerie contemporaine de l’Hôtel de Ville de Chinon), la parole des femmes sur la violence faites à leur égard n’existe pas comme c’est le cas aujourd’hui. L’artiste s’attaque donc à un sujet encore tabou via une installation de grande ampleur : 22 chemises disposées à touche-touche telle une longue procession de complaintes non entendues.
Ces chemises du XIXe siècle, faisaient partie du linge d’un hôtel que l’artiste achète sur une brocante. En lin brun, épais et rêche au toucher, chacune d’elle porte des initiales brodées du personnel. Coco décide de recouvrir le devant d’un papier marouflé peint dans un rouge éclatant sur lequel son écriture va s’exprimer. Les seins, un ventre arrondi d’une femme enceinte, un sexe fendu, autant d’éléments du corps féminin qui devenus des cibles fragilisent la femme. L’artiste matérialise ainsi en une ronde qui pourrait apparaître joyeuse la violence quotidienne qu’elle évoque en inscrivant sur une des chemises chaque jour de la semaine. Cette farandole, qui rappelle les bandes de papier découpées de l’enfance, d’où son titre, a donc une double fonction : interpeller le regard sur la violence et exprimer un avenir possible plus juste par le mouvement implicite et par la force commune de tous ces corps réunis.

Le présent semble donner raison à l’artiste qui à travers des symboles forts n’en crée pas moins une œuvre plastiquement singulière. 
L’écriture a toujours accompagné son travail d’artiste. Que ce soit dans cette installation, ses dessins et peintures. On la retrouve dans la nouvelle recherche présentée au chai et intitulée « Pollens ». De facture plus classique dans leur structure (huile sur papier marouflé sur toile), les œuvres s’attaquent à un sujet tout aussi puissant visuellement et sur le fond.

Au féminin de « Ribambelles », s’affiche le masculin de « Pollens » version vision microscopique.

Commencée en 2019 cet ensemble de peintures hautes en couleurs (gammes franches de rouges-jaunes et bleus-verts) présente des formes géométriques rondes ou ovales, portant à leur surface des scarifications, des points. Les compositions sans profondeur témoignent d’un certain dynamisme. Les éléments ainsi présents semblent en effet en mouvement et grouiller tel un bouillon de culture. Sur certains éléments l’écriture est aussi présente en un rythme que l’on retrouve dans d’autres œuvres de l’artiste : écriture à l’encre noire, serrée, dense ; répétition de mots ou de phrases.

Le pollen, poussière de vie contenant le fluide fécondant ne peut être utile qu’en mouvement (vent, pollinisateur) d’une plante à l’autre. Cette source de vie rejoint cette autre source de vie que sont les femmes représentées par l’artiste. L’artiste poursuit ainsi son travail avec cohérence, sous différents angles et nous montre son questionnement permanent sur le devenir de notre monde. La terre et la femme sont des sources de vie, qui maltraitées, n’assureront plus notre avenir commun. Sur des notes colorées, donnant l’illusion de légèreté, Coco Téxèdre partage son engagement en tant que femme et en tant qu’artiste.

Nathalie Béreau – juin 2021