Exposition Coco Téxèdre : Secrets de familles

Exposition Coco Téxèdre Secrets de famille
Du 17 mars au 30 avril 2023

Musée de la Photographie
2, place du marché
18310 Graçay
Tél : 02 48 51 41 80

Graçay, pourquoi Graçay modeste commune du Cher possède-t-elle un musée de la photographie ?
Un écrin dédié aux appareils anciens de l’histoire et de la préhistoire de la photographie, des techniques allant du daguerréotype à l’argentique et porté à bout de bras par une association de passionnés positifs ? C’est dans ce village situé aux confins de l’Indre, à une cinquantaine de kilomètres de Bourges que Lucien Prévost est né, ingénieur et constructeur de machines pour le cinématographe. Un chantre de l’excellence technique à la française dans les années 1910 et bien oublié aujourd’hui comme de nombreux précurseurs de génie.

C’est dans ce lieu emblématique que la plasticienne Coco Téxèdre révèle au grand public ses Secrets de famille, une exposition immersive dans les albums photographiques familiaux.

Avec la simplification des procédés techniques, la démocratisation des pratiques au dernier tiers du dix-neuvième siècle prend son essor et donne naissance à une multiplication de prises de vues et à pléthore d’albums aux rondeurs bourgeoises, reliés de cuir et carapaçonnés de ferrures dorées. Ces albums connaissent leur âge d’or au tournant du siècle, chaque famille possède le sien. S’y déploient encadrées leurs histoires en iconographie généalogique mâtinées de collectionneuses célébrités et de lieux emblématiques. Un siècle plus tard, le développement du numérique sonne le glas des albums, l’avènement du smartphone prend le relai. Et cette imagerie désormais révolue, perdue dans nos tiroirs est reléguée dans les greniers et disséminée dans les brocantes. La dernière révolution photographique est advenue mettant en lumière nos nouvelles marottes qui de sept à soixante-dix-sept ans sèment les images à tout vent et en toute impudeur sur les réseaux sociaux.

La mort des albums est consommée, Coco Téxèdre en dresse le constat. Elle exhume en archéologue avertie leurs carapaces scellées dans l’oubli. A l’intérieur des cadres évidés, les dernières photos sont exfiltrées, l’historique des souvenirs vidé. Dans un geste d’appropriation intrusif, l’artiste parachève cette destruction programmée par des déchirements violents avant la lente reconstruction qui signe son œuvre. Les cicatrices mémorielles sont couturées, les strates du passé pansées par une superposition successive de couches de papier en un long palimpseste pétrifiant au-delà des déclics compulsifs, un pan de l’histoire de la photographie.